Ca y est, c’est l’été, enfin les vacances
L'équipe -TSE/ juillet 23, 2020/ Nos rendez-vous
Ca y est, c’est l’été, enfin les vacances, loin du bureau, de l’usine, du chantier. Oubliés le chef acariâtre qui est toujours sur votre dos, le client qui veut toujours tout, tout de suite et pour pas cher. Oubliés le confinement, le télétravail avec les enfants sur les genoux, les autorisations de sortie que l’on signe soi-même, le masque qui...eh non toujours présent le masque !
Bref, puisque nous sommes à la montagne, à la campagne, à la mer, mais surtout en France, nous avons le temps de réfléchir et philosopher. Alors je vous propose de réfléchir sur ce qu’est le travail et a-t-il (encore) un sens.
C’est quoi le travail ?

Mais le travail désigne l’effort physique ou intellectuel qui doit être accompli pour faire quelque chose ou obtenir un résultat recherché.
Le sociologue Alain COTTEREAU a répertorié 14 définitions du travail. Mais les philosophes, les psychologues, les ergonomes en ont bien plus.
Ainsi, nous ne sommes pas toujours tous d’accord sur la définition que nous devons choisir.
Nous ne pouvons pas faire l’impasse sur au moins trois définitions des plus importantes :
- Le travail au sens large celle que nous utilisons depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. C’est l’ensemble des activités qui va permettre de vivre, matériellement, manger, boire, s’abriter.
- Puis nous allons parler du travail marchand ou travail abstrait, on l’appelle
abstrait parce qu’on ne parle plus du but pour lequel on travail, le champ
qu’on cultive, la maison qu’on construit, mais plutôt sur la richesse que va
nous procurer ce travail. - Et la dernière définition ce n’est pas du travail, c’est l’emploi. Comme on
confond toujours travail et emploi il est important de souligner les
différences.
En effet on peut très bien travailler sans être employé, par exemple, les
bénévoles d’une association, les stagiaires etc.
Jusqu’au XVIII siècle le travail était un moyen de subvenir à ses besoins. A partir
du XVIII siècle tout change et l’ouvrage d’Adam Smith : « la richesse des
nations » explique que pour une nation, le travail est un moyen d’accroître sa
richesse. La croissance étant illimitée, il n’est plus question de s’arrêter même
quand on a obtenu ce qu’il nous faut pour vivre. Cette époque marque donc le
début de la course à la productivité. Et la qualité du travail va devenir secondaire par rapport à ce qu’il peut rapporter aux investisseurs. On voit alors apparaître une vision scientiste de la société. On va chercher à tout mesurer parce que mesurer, c’est contrôler ; du coup tout ce qui produit du travail non quantifiable, ce n’est pas du travail. Et donc ce changement de définition va engendrer un changement radical de notre rapport au travail. Et nous subissons encore les conséquences aujourd’hui.
Par la suite il y a eu d’autres définitions du travail, par exemple le Fordisme qui disait que travailler n’est pas seulement produire, mais c’est aussi consommer. Et c’est le début de la consommation de masse. Les syndicats ont une autre définition du travail : le travail est un moyen de vivre dignement, ce qui a donné les congés payés ou les augmentations de salaires.
Il faut surtout retenir que le travail n’a rien d’immuable et quand on en change de définition, c’est l’ensemble de la société qui change avec.
Les choix économiques des pays occidentaux dans les années 60-70 à la fin de la période dite des « trente glorieuses » conduisent à l’apparition d’un chômage de masse, et la question du travail a été reléguée au second plan, maintenant ce qui importe c’est l’emploi. Les sociologues, Vincent de Gaulejac, Isabel Taboado-Leonetti et Fédéric Blondel disent que l’on est passé de la lutte des classes à la lutte des places. L’enjeu maintenant est d’avoir une place dans la société, de ne pas être un « sans fonction », un « sans emploi », un « sans logis ». Depuis l’emploi cache le travail.
La définition de l’emploi dépend de la définition du travail et non l’inverse. Si on cherche une définition au travail, on pourrait dire que travailler c’est rapporter de l’argent à une entreprise. Mais le travail c’est aussi participer au bon fonctionnement de la société, d’avoir un rôle.
Maintenant que l’on a une idée de ce qu’est le travail, quel est le sens du travail ? (S’il en a encore un)
Plus que le sens du travail, on entend de plus en plus les collaborateurs dirent « Je veux donner du sens à ma vie professionnelle», ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
Donner du sens à son métier, donner du sens à sa vie grâce au travail, encore
faudrait-il pouvoir définir le mot «sens».
Cela veut-il dire que le travail procure une satisfaction personnelle à celui qui
l’exécute ?
Pour certains salariés, le « sens » est aussi le but du travail : avoir une position sociale, gagner de l’argent ; on parlera plutôt d’évolution que de sens. Donner un sens devient alors un élément essentiel du travail, une pratique managériale. Le sens serait alors une finalité, une direction, une vision.
Pour d’autres, donner un sens au travail, c’est changer complètement de métier, une reconversion. On ne compte plus les ingénieurs devenus boulangers dans des petits villages ou les banquiers ouvrant des maisons d’hôtes ou encore des DRH reconvertis à l’ébénisterie d’art, par exemple.
Vous pouvez donc commencer à vous apercevoir qu’il y a un lien assez intime entre l’Homme et son travail. Un lien secret relie l’humain et la réalisation d’un travail, d’une œuvre. Si cette relation est facile à concevoir pour un artiste, un auteur raconte un peu de sa vie dans ses romans, un peintre ou un sculpteur subliment la vision du monde qu’ils perçoivent dans leurs œuvres et que dire des acteurs ou des comédiens qui enfilent la peau de leurs personnages en mettant leur propre vie en filigrane. Or si nous pouvons concevoir cela, il est plus difficile d’imaginer un tel concept pour un employé de mairie, une secrétaire ou un chef d’équipe. Et pourtant les ressorts psychologiques sont les mêmes. Peut-être moins forts, moins exubérants mais présents quand même. Il faut comprendre que chaque personne, quelque soit sa position dans la hiérarchie, met dans son travail, son métier, chaque jour un peu d’elle-même, un peu de sa personnalité, un peu de son intimité. Et cela un manager, ne peut l’oublier quand il dirige son équipe.
Pour illustrer le sens au travail, reprenons l’allégorie du tailleur de pierre :
« Le premier tailleur de pierre travaille presque mécaniquement, quand on lui
demande ce qu’il est en train de faire, il répond d’un air las qu’il taille une pierre.
Le second tailleur de pierre effectue exactement le même travail, avec les
mêmes outils, la même technique. Quand on lui demande ce qu’il est en train de
faire, il explique qu’il taille une pierre qui servira à construire un mur.
Le troisième tailleur, taille sa pierre consciencieusement avec un respect quasi
religieux. Il a les mêmes outils et les mêmes méthodes que les deux autres, mais
ce qui le rend différent, c’est la délicatesse de ses gestes, c’est le regard qu’il
porte sur son travail, le respect qu’il a de ses outils. Et quand on lui demande ce
qu’il fait, il répond « je suis en train de construire une cathédrale ».
En 2017 le cabinet Deloitte a lancé une étude sur le sens du travail. 2329 personnes de 25 à plus de 50 ans ont répondu en ligne.
A la question : « mon travail a le sens que je lui donne » 15% ne sont pas d’accord avec cette affirmation et donc 85 % sont plutôt ou tout à fait d’accord.
Mais à la question : « le sens au travail doit m’être donné par mon manager » 63% des personnes interrogées sont plutôt ou tout à fait d’accord.
Il est donc possible pour 85% de considérer que le travail a le sens que chacun lui donne, tout en répondant, pour 63%, que le sens du travail doit être donné par le manager. Il ne faudra donc jamais oublier qu’environ deux tiers de vos collaborateurs attendent de vous que vous donniez un sens au travail, un sens à leur mission, à leur métier.
Mais si cette majorité attend clairement une direction, une finalité clairement exposée, chacun a aussi conscience que le sens est un processus permanent de recherche d’équilibre entre son environnement, ses aspirations, ses besoins et le contenu de son travail.
La question du sens du travail doit se placer dans le référentiel du travail, compris comme activité qui nécessite un certain savoir-faire, qui apporte des avantages en nature et financiers et qui confère une identité sociale. Selon Vincent de Gaulejac, sociologue, le travail rassemble trois registres : Le faire, l’Avoir et l’Etre.
Le Faire : travailler, c’est d’abord produire un acte. La production a évolué dans le temps, puisqu’au 19 ème siècle la fabrication était le fait d’individus qui maîtrisaient un savoir-faire. Puis l’outil et la machine ont transformé les façons de faire. Les nouvelles technologies d’information et de communication ont bouleversé les processus de production. Aujourd’hui le travail ne s’appréhende plus en termes de charge, d’exécution d’une tâche ou d’effort à fournir.
L’Avoir : travailler c’est subvenir à ses besoins. Le travail est un moyen d’obtenir différents capitaux :
- Un capital économique : le salaire, les honoraires, des avantages en nature
- Un capital social : statut, protection juridique et sociale, sécurité, etc.
- Un capital culturel : développement des compétences, accès à des
formations, etc.
L’Etre : travailler pour exister. Le travail est un signe d’appartenance, un marqueur social. L’essentiel aujourd’hui n’est plus tant d’avoir un travail que d’exister par le travail. Il devient une finalité de l’existence, un moyen de dépassement de soi.
Voilà, et maintenant que vous savez ce qu’est le travail et que vous avez trouvez un sens au vôtre, je vous laisse retourner à votre bronzage, votre randonnée ou votre escalade.
Et toute l’équipe de TSE vous souhaite un très bel été
Pascal DESBOUCHE
Co-Président de TSE